Page 33 - Le travail post-retraite
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Pas d’avenir pour l’économie sans les seniors
petite cinquantaine d’années au travail. L’objectif ? Combler le manque de bras et de talents déjà perceptible, et qui est évalué à 1,5 million en France en 203034. Après tout, pourquoi ne pas réhabiliter l’apprentis- sage, celui des adolescents (pas celui des étudiants déjà titulaires de diplômes invendables!) et le tutorat que les aînés pourraient assurer avec une actualisation de leurs connaissances technologiques ?
Rêvons : ne conviendrait-il pas qu’un basculement réduise à quelques années la durée de la retraite – au lieu de 25 ans de moyenne actuel- lement35 ? C’était le cas en 1950 où l’espérance de vie (63 ans pour les hommes, 69 ans pour les femmes36) excédait de peu l’âge de départ à la retraite (régimes spéciaux dont celui de la SNCF excepté !).
Ne faudrait-il pas une véritable révolution des mentalités pour que puisse être viable le nouveau pacte intergénérationnel (type Sécurité sociale de 1945) que le professeur Anne-Marie Guillemard, socio- logue du vieillissement, appelle de ses vœux37 – et, au conditionnel, comme solution à l’allongement de la vie (les salariés assurant alors de manière solvable la retraite des aînés et l’éducation des plus jeunes) ? Selon cette dernière, la longévité n’est pas à voir seulement comme une menace pour les comptes sociaux car elle «recèle de nouvelles ressources et opportunités tant pour l’individu que pour la société ».
On saluera cette option volontariste que les chiffres doivent étayer pour valider une exception française persistante. Car ni un Japonais ni un Coréen ne tiendraient le même langage. En effet, les deux pays sont déjà engagés dans une récession démographique, caractérisée par un excédent de plusieurs centaines de milliers de décès sur les naissances au Japon, une fertilité en baisse constante et une pyramide des âges inquiétante.
L’illusion de l’immigration
Le Japon a renoncé à l’immigration en raison d’une endogamie cultu- relle délibérément suicidaire. La Corée du Sud a intégré l’immigration qui propose des bras mais n’offre pas un taux de naissance supérieur à celui des autochtones, y compris lors de mariages mixtes (0,90 enfant par femme en 2019, contre 1,87 en France38).
En matière de compensation de population, l’immigration ne serait-elle pas une illusion? C’est le constat des recherches améri- caines menées actuellement par les démographes et les économistes.
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