Page 31 - Le travail post-retraite

Pas d’avenir pour l’économie sans les seniors
des choses bien plus utiles et plus grandes. Ce n’est point par la force, la prestesse ou l’agilité du corps que les grandes choses s’accomplissent, mais par le conseil, l’autorité, la sage maturité. »
On ne peut être plus clair. Cicéron ouvre, sans détour, la voie à la reconnaissance de l’expertise senior. L’avocat romain dans son plaidoyer pour l’expertise mature n’oublie pas le stratège Scipion le maître de la guerre : « Sans doute il ne pourrait plus courir, ni sau- ter, ni lancer le javelot, ni manier le glaive; mais il penserait, il pré- voirait, il conseillerait...». La définition même d’un expert senior!
Sous-traitance textile mondialisée et compétences envolées
« Coronavirus : comment la filière textile se réinvente », titre La Croix le 3 mai 2020. Joli titre cosmétique mais où en est-on vraiment ? « Depuis une quarantaine d’années, une nouvelle division internationale du tra- vail a été mise en place avec des chaînes de sous-traitance totalement mondialisées. L’Europe a contribué aussi à spécialiser dans le textile certains pays comme le Bangladesh, et il serait sans doute extrêmement difficile de revenir en arrière en relocalisant tout en France.
Même s’il est souhaitable qu’une partie de la production revienne, ne serait-ce que pour des raisons environnementales et sociales, d’autres problèmes se posent, comme celui des compétences qui ont été perdues», synthétise Nayla Ajaltouni,porte-parole du collectif Éthique sur l’étiquette. Toujours la question des compétences qui disparaissent, s’envolent, s’évaporent à mesure que des établissements ferment et que des unités de production sont délocalisées.
Deux chiffres. En 2018, le textile (au sens large – habillement, chaussure...) emploie 103 000 personnes en France31 contre 1 million en 196032. Le chiffre a donc été divisé par dix, celui du jouet par trois. Le Havre et La Ciotat sont morts, victimes de la surenchère syndicale et de la vision étriquée des dirigeants. Saint-Nazaire demeure le seul site de construction navale en France capable de produire de grands navires, des paquebots avant tout, après avoir construit des pétroliers géants, le célèbre paquebot « Le France » et de s’être montré capable de nourrir une nuée de sous-traitants dans la région. Il est trop tôt pour mesurer à quel degré le coronavirus aura coupé l’appétit aux croisié- ristes et frappé le carnet de commandes de Saint-Nazaire.
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