Page 68 - Le travail post-retraite
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Le travail post-retraite
maires, et dédié l’essentiel de son temps à l’histoire-géographie qu’il adorait. «Mais c’est parce que je redoutais de tourner en rond que je me suis lancé dans la vie municipale », confie-t-il. Et de citer René Pléven* et Pierre Méhaignerie**, les ministres- élus locaux, dont il a beaucoup appris. Mais « trois mandats, ça suffit. À 55 ans, je voulais passer à autre chose. Donc j’ai bûché le droit. »
Le voici conseiller puis président de Prudhommes, le tribunal social paritaire. Dix ans sans la moindre envie de postuler à un mandat politique malgré les propositions. «M’engager oui, mais j’avais l’esprit trop indépendant pour accepter qu’un parti me dicte ce qu’il faut dire ou faire. » Donc le voici octogénaire et com- missaire-enquêteur décortiquant les dossiers ardus de créations d’équipements locaux appelant souvent des expropriations. Et les documents continuent à s’entasser sur son bureau !
Comment les Coréens ont trahi leurs aînés et Confucius
Ils se sont sacrifiés pour les années de fer de la croissance (1960-1980), les années du général-dictateur Park Chunghee. Ils ont rebâti un pays qui leur paie une misère de retraite. Ils ont connu un régime de salaires associant croissance des gains et avancée en âge, jusqu’à ce qu’ils coûtent trop cher. Ils ont exercé des responsabilités et sont revenus au bas de l’échelle dans un pays où le confucianisme valorise l’apparence de la réussite sociale mais distribue des retraites publiques d’environ 300 euros par mois.
Kim Sejong a eu le boulot parce qu’il assurait pouvoir remplacer deux veilleurs de nuit à lui seul. À Séoul, où ils bénéficient du métro gratuit (ce qui pourrait être remis en question) à partir de 65 ans, nombre de seniors sont devenus «coursiers souterrains» et véhiculent
* René Pléven (1901-1993), Premier ministre et ministre à plusieurs reprises sous les Quatrième et Cinquième Républiques, régionaliste et militant européen. Député de Dinan (Côtes d’Armor).
** Pierre Méhaignerie (1939-), ministre sous la Cinquième République, maire et député de Vitré durant 40 ans. Militant du développement local, il a fait du bassin d’emploi de Vitré la zone d’un des plus faibles taux de chômage de France (4,60 %).
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