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Le travail post-retraite
Pensionnés à 67 ans. On y est déjà !
Ne croyez pas les syndicalistes, ni les politiques jurant qu’ils ne démor- dront pas d’un âge (légal !) de la retraite à 62 ans ! Ne gobez pas non plus leurs fausses colères, leurs tartufferies lorsqu’un ministre avance que 63, 64 ans... ce serait mieux. Pourquoi ne pas avouer qu’on en est déjà à 67 ans pour tous? Pourquoi ne pas assumer que les patrons (CGT, CFDT, FO, MEDEF) des caisses complémentaires AGIRC et ARRCO ont déjà fixé à 67 ans la retraite sans pénalité ?
Depuis le 1er janvier 2019, et en attendant tout autre changement, les complémentaires des nouveaux retraités nés après 1956 peuvent être amputées de 10% pendant trois ans s’ils partent avant. Si Paul, employé, né en 1957, part à 62 ans, il perd 1 800 euros annuels sur sa complémen- taire. 36 mois de décote, calcule Notre Temps. Pire s’il est cadre. Leur com- plémentaire prend souvent le pas sur la pension de base. Donc, si Pierre, le cadre, part à 62 ans «à taux plein pour la Sécu», il perd 7 200 euros en 36 mois. Il tablait sur une AGIRC de 2 000 euros mensuels. Mais ce sera 2000 euros moins 10 %, soit 1 800 euros (ou 200 euros de perte). À savoir le budget vacances d’un couple73 ou la moitié de son budget d’alimentation74 !
Aucun leader syndical n’ose dire aux salariés que leurs administra- teurs ont, en leur nom, fixé leur retraite à 67 ans avec le patronat ! Aucun ! Un drame? Non. Cette décision, sournoise mais schizophrène et sage, aura assuré le maintien à flot des retraites complémentaires jusqu’à la pandémie qui en aura ébréché la stabilité*. Les caisses comptent 18 mil- lions de cotisants, 12 millions de retraités... du lourd. Or, les décideurs ont su trancher.
A contrario, le double jeu syndical n’aide pas l’approche objective d’un sujet crucial. Pourtant, nul ne peut plus éluder l’utilité de la poursuite ou de la reprise d’activités à 62+. Maintenant, le Gouvernement et son actuel secrétaire d’État chargé des retraites et de la santé au travail, Laurent Pietraszewski, ancien responsable de la gestion des carrières du groupe Auchan, vantent les mérites de la prolongation, des « trop peu utilisés » retraites progressives et cumul-emploi-retraite.
* Le «déficit technique» du régime serait en 2020 de 5,3 milliards selon le magazine. Source: «Retraite complémentaire Agirc-Arrco: les pistes des partenaires sociaux pour remettre le régime sur les rails. », Capital, 15 juin 2021.
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