Page 37 - Le travail post-retraite
P. 37
Pas d’avenir pour l’économie sans les seniors
taux plein de 67 à 62 ans, pour un coût évalué à 7 milliards d’euros. Le séduisant mode de calcul retenu ressemblait au marketing des marques de lunettes déduisant l’âge du prix pour les presbytes.
Le candidat (des hommes et des fonctionnaires surtout) devait atteindre le quota 100 à partir de 62 ans. Soit 100 = 62+38 années d’acti- vité, 64+36, 63+37, 68+32 ans d’activité. Nul doute qu’il y a là une magni- fique recette, avec un faible nombre d’années cotisées et une pension versée à taux plein pour réduire l’endettement de l’État italien qui est de 154 % du PIB national (contre 116 % pour la France45), et un coût de 14 % du PIB comme en France ! Avant la pandémie !
Comprimer la population active en l’amputant aux deux extrémi- tés est certainement la meilleure voie vers un suicide de l’économie du pays. Car l’entrée de nouveaux effectifs sur le marché du travail ne suf- fira pas à compenser la sortie des aînés.
Or la préservation d’un trop faible capital d’experts seniors n’atté- nuera pas l’effet de l’hémorragie démographique qui empêche le renou- vellement des populations et des générations dans l’activité. Mais les gouvernements suivants ne se sont pas sentis tenus par les promesses populistes de Salvini. Ils ont entrepris de durcir à nouveau le régime des retraites pour éviter son inévitable faillite, et à l’Italie une catastrophe ajoutée à sa démographie vacillante.
Formation à tout âge, transmission à tout moment
La baisse du nombre de nouveaux talents, on le répète !, pourrait priver la France de 175 milliards d’euros d’activité en 2030, dont 60 milliards pour le secteur financier46. Mais éviter ce rétrécissement oblige à conju- guer formation à tout âge, transmission à tout moment, avec une dose d’immigration sans être certain de pouvoir maintenir la croissance.
Cette dernière s’est révélée atone en 2019, négative en 2020. Elle bondit en 2021 de 5,75 % par effet de compensation, et devrait rebondir de 4% en 2022 avant de retrouver un lent rythme de croisière à 2% en 2023 si aucune nouvelle péripétie ne vient troubler les prévisions de la Banque de France47. Très incomplète, puisqu’elle ne quantifie pas le potentiel africain, l’étude Korn Ferry souligne toutefois ceci: l’Inde de 2030 comptera 1,5 milliard d’habitants (soit 100 millions de plus que la Chine). Elle disposerait alors d’un excédent de 245 millions de
37