Page 197 - Le travail post-retraite
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Le senior, si nécessaire à la transmission entre générations
générations précédentes. Il est vrai qu’ils représentaient une rupture avec l’accès inédit à des savoirs technologiques parfois survalorisés par ceux qui n’y entendaient rien. Mais y-a-t-il réellement quelque chose de neuf sous le soleil ?
La bougeotte des jeunes au travail fait partie du nécessaire com- pagnonnage du début de carrière, au sens des compagnons du tour de France. La nouvelle culture de gestion développée autour des Y et des Z leur a reconnu une spécificité magique et illusoire. Dans le même temps, cette « parade amoureuse » des RH a parfois servi à ringardiser des aînés et à les pousser vers la sortie au lieu de les déléguer à la prise en charge des jeunes générations.
Il y avait là une manière de créer l’empathie voulue, de veiller à ce que les plus jeunes soient bien accueillis et bien traités (prestations sociales) mais surtout qu’ils soient impliqués dans les projets. Restait leur consumérisme tatillon qui les incitait parfois à revendiquer lorsque le poste n’était pas littéralement conforme à la description de l’annonce. Impliquer le salarié dans le projet auquel son poste est associé est sûre- ment la meilleure méthode pour éviter ce type de revendication.
Le plus sage n’est-il pas, de la part du management, de tourner le dos à des modes fugaces pour offrir au salarié de tout âge cette empa- thie qui l’incite à sentir qu’il existe ? Il faut qu’il puisse penser que, dans l’entreprise, il est considéré en tant qu’acteur pensant et en qualité de personne. Ne doit-on pas lui faire savoir qu’il n’est pas un simple numé- ro interchangeable, mais qu’il a sa part créative et autonome dans le projet et la stratégie de la maison? Ne se doit-on pas, pour fixer son attention et qu’il ne joue pas les filles de l’air à la première occasion, faire en sorte qu’il soit reconnu pour une valeur et que l’on compte sur lui? N’est-ce pas cet ensemble qui, étant assuré que la rémunération soit juste, aura le plus d’effet sur son comportement dans l’entreprise à long terme ?
Ne pas oublier les mots du philosophe Michel Serres : « Nous deve- nons causes opérationnelles de notre vie190.» Autrement dit, un pro- jet qui donne sens à une vie professionnelle est un atout majeur pour que chacun construise sa personnalité et s’épanouisse à son entour. À quelque génération qu’il appartienne.
D’où la nécessité de préserver la ressource aînée pour qu’elle aide à cette insertion et à la pérennité de l’activité. D’où la nécessité de solu- tions organisées pour y parvenir, en ne sachant pas de quoi demain sera fait.
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