Page 140 - Le travail post-retraite
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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable
interministérielle (...). La directrice de l’ARS a souligné la compétence et l’efficacité remarquables des médecins du SSA mais aussi la faiblesse du dialogue entre le ministère des Armées, le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Santé sur le déploiement des renforts. »
Rigidité étatique : « S’il est bien évidemment crucial de pouvoir s’appuyer sur des professionnels qualifiés, la crise de la Covid-19 aura montré que le ministère de la Santé et des Solidarités ne pourra pas s’exonérer d’une réflexion, dans les prochains mois, sur les excès de rigidité qui entravent son fonctionnement en mode dégradé. »
Jean-Jacques Muyembe,
le virologue-mémoire-survivant des épidémies congolaises
Jean-Jacques Muyembe, médecin de 79 ans, directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa et coordinateur national de la riposte contre le Covid-19 du Congo, n’est pas désespéré, il est préoccupé: «Pour nous, c’est une catastrophe sanitaire. D’autant plus que nous sortons de deux épidémies de maladie à virus Ebola. Ce sont les mêmes équipes que nous allons utiliser donc la fatigue se fait ressentir, il y a du surmenage. Avec la situation actuelle, les partenaires internatio- naux ont des problèmes dans leurs propres pays. Nous devons compter avant tout sur nos propres forces, mais aussi sur l’orga- nisation et la discipline de la population. »
Le professeur Muyembe n’en est pourtant pas à sa première épidémie mortelle. Il est même le co-découvreur du virus Ebola en 1976. Il l’a identifié grâce au sang d’une infirmière et il lui a sur- vécu après avoir été contaminé. Virologue depuis un demi-siècle, son expérience en fait la mémoire active des virus et des épi- démies en Afrique, choléra, rougeole, poliomyélite... Il a créé un traitement par sérum contre le virus Ebola, un vaccin aussi. En 1981, il rejoint l’institut Pasteur de Dakar. En 2017, il s’associe aux Japonais pour construire un complexe de recherche avec plu- sieurs laboratoires de biosécurité.
Il a ainsi mis au point des mesures particulières de contrôle du virus Ebola, utilisées depuis lors pour la gestion des épidémies en Afrique. Celles-ci aident à reconnaître la maladie grâce à une
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