Page 119 - Le travail post-retraite

La réserve chevronnée qui sauvera l’activité
tour de la question journalistique. Elle a donc créé Now Teach, « Maintenant, Enseigne ! ».
Cette association aide des professionnels à mettre leurs compétences variées au service de la collectivité pour pallier la pénurie d’enseignants qui règne au Royaume-Uni comme aux États-Unis. Au Royaume Uni, ce manque est parfois compensé par le recrutement de vacataires aux qualifications approxima- tives, comme en France aussi, notamment dans des matières (maths, physique, biologie...) où l’attrait de l’industrie, comme dans l’Hexagone, est plus fort que celui de l’enseignement. Aux États-Unis, le manque d’enseignants est évalué à 100 000 actuel- lement, et l’on anticipe le double pour 2025125.
Quatre ans après le lancement de sa structure, Lucy Kellaway chapeaute toujours l’association mais elle en a délégué les rênes afin de passer le maximum de temps dans sa classe. Elle est juste animée par l’ambition de prendre du plaisir à de nouveaux défis et de se rendre utile. Surtout pas par «l’ambition de devenir le prochain proviseur du lycée!». Si on lui demande comment elle se voit, c’est plutôt en «adolescente mûrie» (aged adolescent) malgré ses taches de vieillesse sur les mains qu’en « jeune vieille » (young old).
«La dernière fois où j’ai voulu bousculer les limites de mon âge, j’avais 14 ans. Cette fois-ci, je le fais mais avec moins de risques que ma jeune amie qui doit gagner tout de suite assez pour acheter sa maison. Elle a tout à prouver professionnelle- ment. Pas moi. Je me connais, je suis assez confiante puisque j’ai été plutôt bonne dans mon métier, j’ai une maison, une retraite (...). Pour la première fois de ma vie, je suis motivée par le job en lui-même et uniquement par lui. J’ai envie que mes étudiants aiment ce que je leur enseigne et (...), si je me trompe sur quelque chose, je me dis simplement “essaie de ne pas retomber dans ce piège la prochaine fois”. »
Comment a-t-elle vécu le changement d’agenda? Bien. «Je gère mon temps de manière plus sensée que les jeunes profs qui se tuent au boulot. Et je ne suis pas guettée par le burn-out. » Elle est à nouveau amoureuse de fraîche date. Et elle en voudrait presque au maire de Londres qui veut lui offrir le métro gratuit pensant, peut-être, qu’avec ses 60 ans, elle est devenue faible et a perdu son autonomie.
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