Page 117 - Le travail post-retraite
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La réserve chevronnée qui sauvera l’activité
Travail précoce et poursuite d’activité
Les seniors constituent 35% de la force des bénévoles. Leur confine- ment accentué en raison du risque sanitaire encouru durant la pandémie de Covid-19 a fait sentir l’importance de leur rôle par leur fréquente absence à cette période. «Les âgés constituent la colonne vertébrale de notre cohésion sociale», souligne Michèle Delaunay. Mais on ne les emploie pas suffisamment. L’âgisme est un racisme qui n’est pas réprimé. Et les seniors ont encore à frayer leur voie.
L’association Transmetteurs suscitée par le Docteur Xavier Emmanuelli, co-fondateur de Médecins sans frontières, travaille à la transmission des savoir-être* dans un esprit de lien intergénérationnel. Elle a mis sur pied une force de complément, notamment pour épau- ler les praticiens débordés aux urgences ou en cas de catastrophe. Et de pester: «Nous devrions avoir des réserves professionnelles ensei- gnantes, sociales, juridiques, etc. pour des périodes de coups de grisou où l’on manque de personnel et où les besoins explosent. »
Les expériences antérieures enrichissent le parcours. L’ex-ministre, urgentiste, anesthésiste et neurologue se félicite donc de son entrée tar- dive en politique (à l’âge de 57 ans, en 1995, auprès d’Alain Juppé) à la différence des « très jeunes qui s’engagent trop tôt pour avoir fait leurs classes dans un vrai métier ».
La retraite-couperet et l’absence de poursuite ou de reprise du travail à la retraite, façon syndicats malthusiens, est pour Michèle Delaunay une mauvaise plaisanterie. « Oui donc à l’activité prolongée des âgés, oui à l’entrée plus précoce dans le travail des jeunes ! ». Avec une bonne rai- son en plus: dès 2023, les naissances ne compenseront plus les décès. En 2040, la proportion des 65+, qui était de 18% de la population en
* Selon leur déclaration d’intention, les Transmetteurs se veulent appui et renfort des structures publiques et privées débordées en cas de catastrophe, fournissant de la for- mation, apportant l’aide de professionnels retraités au savoir-faire éprouvé et actua- lisé. Ils se veulent aussi formateurs et surtout transmetteurs de savoir-être et, à juste titre, sans redouter de passer pour réactionnaires: « Dans la culture contemporaine, les connaissances qui ont l’air d’aller de soi et qu’on peut appeler les “valeurs”, ne sont plus transmises par manque de pédagogues naturels (parents, grands-parents, famille) ou toute autre collectivité (scoutisme, sports...). Notre civilisation ne considère pas comme valeur essentielle les codes traditionnels qui favorisent le lien. Au contraire, elle favorise la performance, la compétition et la consommation. »
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