Page 109 - Le travail post-retraite
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La réserve chevronnée qui sauvera l’activité
pas avoir encore saisi que le maintien d’une relation du salarié avec l’en- treprise comporte des avantages mutuels. L’entreprise garde une réserve en appoint, le retraité conserve un statut social ajouté à un complément de revenu. Le maintien de ce lien de recours prend des formes variant avec les professions. Il est important qu’il se crée sur une base consen- tie en fonction du lien nouvellement établi. Mais il est primordial que, saisissant toutes les opportunités, l’entreprise invente de nouveaux liens fonctionnels avec le salarié.
Nathalie, d’éditrice salariée
à « veilleuse » informationnelle
À 60 ans, Nathalie était devenue pour son entreprise la personne-res- source en matière de marketing sur des segments de niches intéressant cet éditeur professionnel. Il utilisait ses compétences pour cibler des segments particuliers de clientèle potentielle. Au cours de sa carrière, cette mère de deux garçons avait évolué d’une fonction de documen- taliste puis de reporter et de rédacteur d’ouvrages grand public vers un travail d’éditeur dans le même domaine.
Une restructuration de l’entreprise l’avait muée à 50 ans – un âge où trouver une nouvelle embauche devient délicat – en responsable de la lettre confidentielle que la maison éditait pour son encadrement et un public ciblé de clients. Un divorce concomitant l’avait dissuadée d’« aller voir ailleurs » sur le plan professionnel. C’est ainsi qu’elle dépouillait la littérature professionnelle, analysait les études spécialisées pour en tirer l’essence. Elle suivait les colloques professionnels en France comme à l’étranger. À la blonde Nathalie incombait aussi de repérer les nouvelles tendances que révélait l’observation régulière de la presse internatio- nale. Elle y traquait encore les études professionnelles. La documenta- liste puis journaliste s’était progressivement muée par acculturation en spécialiste, en chercheuse pragmatique. Délaissant le papier, elle avait su créer une version électronique, plus flexible, moins contraignante, moins gourmande en effectifs. Mais ce travail presque solitaire ne l’avait pas guérie du désir concret d’animer une équipe d’éditeurs juniors en dépit de ses satisfactions intellectuelles. Elle aurait voulu se confronter en direct aux marchés dont elle était devenue une experte par défaut. Mais confiait-on encore une responsabilité opérationnelle à une grand-mère sexagénaire ? En se glissant par échange dans un plan de sauvegarde de
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