Page 81 - Le travail post-retraite

Le travail, clé de l’utilité sociale et de la forme
Espagne : le travail des seniors ne sera plus une option
Le travail des seniors ne sera bientôt plus une option en Espagne. Avec un tiers (34%) de 65+ et un faible taux de fertilité (moins d’1,3 enfant par femme), l’Espagne devrait perdre 11 % de sa population d’ici 2050.
Les conséquences de cette déprise sont déjà perceptibles. La crise du coronavirus a fait apparaître les difficultés de gestion de ce vieillisse- ment du pays. Et si l’on ajoute plus d’un demi-million de retraités britan- niques fuyant la brume et le crachin pour la Costa del Sol, on s’aperçoit que la catastrophe démographique est déjà en route. Apocalypse now and then – aujourd’hui, demain et plus tard si rien n’est fait.
Comme les autres pays européens, l’Espagne a vécu l’exode rural vers les villes. Il a pour conséquence l’abandon pur et simple de villages et de régions d’une surface équivalant à deux fois la Belgique! Dans ces villages, lorsqu’ils ne sont pas abandonnés, vivent des octogénaires qui subviennent par eux-mêmes à leur vie quotidienne et à leurs besoins sans assistance, aussi longtemps qu’ils le peuvent. On parle de régions déjà biologiquement mortes et de régions au dépeuplement annoncé, comme la Galice ou l’Aragon.
Le déséquilibre des générations déjà perceptible – des céliba- taires, des foyers nucléaires, peu de jeunes, un départ tardif du foyer parental, beaucoup d’aînés – se constate encore par des abandons. À Barcelone ou aux Canaries, la famille laisse parfois ses aînés dans les hôpitaux, le prétexte étant fourni par un accident, une opération... Et nul ne revient plus les rechercher. On n’est pas loin du schéma généré par la politique chinoise de l’enfant unique et de son résultat catastrophique. Car elle fait reposer sur un individu le sort de deux parents et souvent quatre grands-parents.
La conséquence en sera pour l’Espagne un rétrécissement d’activité, car l’immigration des pays latins qui a pu représenter un appoint sérieux à la fin des années 1990 a subi de plein fouet la crise de l’économie. Les immigrants sud-américains sont souvent repartis. En dépit du haut taux actuel de chômage (16 %85) la raréfaction de la main d’œuvre entraînera des difficultés majeures dans la poursuite du paiement des pensions au niveau actuel. Le travail des seniors ne sera plus une option. Ce qui a déjà commencé en zone rurale. En attendant pire.
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