Page 137 - Le travail post-retraite
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Réserve médicale : organiser le long terme
variable en France. Aléatoire. Certains hôpitaux, comme celui de Poitiers, ont « décidé de rappeler un à un leurs anciens collaborateurs142 ». Ailleurs, il y a surchauffe et embouteillage. Les volontaires ne parviennent pas tous à s’inscrire pour proposer leurs services, ce que nous tentons d’ana- lyser plus loin. Il y a aussi absence de cadre précis de rappel.
Certaines instances évoquent un âge barrière (70 ans) – pas toutes le même ! Les médecins hospitaliers peuvent légalement poursuivre dans le cadre du cumul emploi-retraite jusqu’à 72 ans depuis 2015*. Le Conseil de l’ordre des médecins préconise l’appel aux praticiens en retraite depuis moins de cinq ans. Le conseil a lui-même servi d’intermédiaire entre des lieux de soins et des retraités qui ne parvenaient pas à s’inscrire du fait du dysfonctionnement de la gestion de la réserve.
Éviter l’usine à gaz
Quelle serait donc la structure la plus adéquate pour gérer la réserve ? Gouverner, c’est prévoir. Or, lors de l’épidémie de grippe H5N1, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé de l’époque, avait organisé la création de la réserve sanitaire. Sa gestion avait été confiée à l’Établis- sement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS). Il a été dissous en 2016. Restait depuis la structure de la réserve mais en format rétréci.
Donc «l’ARS d’Ile-de-France a dû créer, le 21 mars, un dispositif de renfort alternatif, #Renforts-Covid, monté avec la start-up de santé MedGo. Ce dispositif a été adopté, par la suite, par sept autres ARS. Depuis le 17 mars, la réserve sanitaire a même envoyé sur le terrain près de huit fois moins de personnes».Le Monde évoque le naufrage de la structure étatique143.
* Cette mesure, à caractère transitoire valant jusqu’en 2022, permet le recrutement, la prorogation et vise à absorber un « choc démographique dans les établissements publics de santé », soulignait le Quotidien du Médecin le 20 mars 2015. Elle résulte d’un amendement gouvernemental au projet de loi de modernisation du système de santé. Le rapporteur Jean-Louis Touraine a rappelé qu’après la guerre 1914-1918, on était allé jusqu’à 75 ans afin de pallier l’hémorragie de professionnels consécutive à la guerre.
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