Page 181 - Le travail post-retraite
P. 181
Le senior, si nécessaire à la transmission entre générations
l’intégration à un emploi du temps raisonnable de leur charge fréquente d’aidants familiaux auprès de leurs parents très âgés. On aura encore à prévoir l’organisation des modules d’intervention et à adapter les connaissances des seniors en matière de nouvelles technologies, sans viser à les faire entrer en compétition avec leurs cadets (ce qui serait un échec). La convergence de vues entre aînés et cadets n’est pas un acquis. Elle résulte d’un patient apprivoisement réciproque.
Les difficultés que des cités provinciales, même de bord de mer, prospères et proches des grands centres, éprouvent à favoriser l’implan- tation de jeunes médecins incitent à ne pas l’oublier : les seniors peuvent être le lien confortant une jeune génération dont les envies et les aspira- tions ne correspondent pas à celles de leurs devanciers et dont la moti- vation doit être encouragée. Pourquoi ne pas inventorier et déterminer en les hiérarchisant dans un plan de transmission les compétences que l’entreprise aura besoin de maintenir et de développer pour mieux défi- nir la place de chaque génération ?
En 2030, plus encore en 2050, la sphère des 60+ se sera développée au point de représenter près d’un tiers de la population, alors que la population active se sera contractée. Le tout appelle une refonte organi- sationnelle et prospective des modes de gestion, une attention inédite à la trajectoire professionnelle des individus.
Mission acculturation des juniors Y, Z...
Les générations X (1965-1980) et Y (1980-1996) sont faites d’une popula- tion moins nombreuse que celle des boomers. Ces générations ne nour- rissent plus forcément le même attachement que les aînés au travail, clé et symbole de la réussite sociale, socle du plaisir de vivre et d’être recon- nu. Elles ne se réfèrent plus obligatoirement à l’esprit d’équipe venu du scoutisme et des patronages laïques ou confessionnels. Pourtant, par mimétisme, ils structuraient les rapports dans l’entreprise et le senti- ment d’utilité sociale que l’engagement procurait aux aînés.
À de plus rares exceptions près, le travail est presque exclusivement devenu pour les cadets un moyen de gagner de l’argent. Dans l’accom- plissement de leurs tâches, ils sont beaucoup plus attachés à l’autonomie de leur activité, voire à la célébration de leur individualité. Et ils ne sau- raient oublier le strict partage du temps dévolu à l’entreprise et à leur vie personnelle – contrairement à leurs aînés.
181