Page 178 - Le travail post-retraite
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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable
Face à la pénurie grandissante de jeune personnel qualifié et aux autres menaces, les vétérans sont le recours et la colonne vertébrale de l’activité, l’instrument d’une transition avec les jeunes générations. Car leur gestion est plus complexe, leurs exigences moins aisées à cerner s’il n’y a pas la force d’un projet cadré, rationalisé, bénéficiant d’une attention bienveillante.
Des aînés qui mentorent, tutorent, accompagnent, vendent...
«Qu’elle perde encore un kilo et on va voir au travers». En faisant le chauffeur d’invités et d’intervenants, Jean, le père d’Elsa Pallot, 62 ans, ex-commercial performant des chariots élévateurs Manitou, a trouvé un moyen de continuer à aider sa fille, après lui avoir avancé une part de son héritage. Elsa, 26 ans, dirige les éditions Cheyne et le festival littéraire Lectures sous l’arbre qui a fait plus de 5 000 entrées payantes en août 2019 sur le plateau du Vivarais (Haute-Loire, Ardèche). C’est- à-dire entre lac et champs moissonnés. Les éditions (six salariés) y ont aussi leur siège (bureaux, imprimerie, stock) dans un bâtiment design de 800 mètres carrés. En 2017, Elsa, titulaire de masters en Édition et en Littérature jeunesse, a racheté, avec l’aide de papa qui lui a fourni son fonds de trésorerie, les éditions Cheyne (430000 euros de chiffre d’affaires en 2016, 300 ouvrages publiés, 350 000 exemplaires vendus) à Jean-François Manier, 65 ans, qui les avait créées en 1980.
Arrivée comme apprentie dans l’entreprise en 2013, Elsa y est deve- nue assistante d’édition salariée avant que Jean-François, HEC bourlin- gueur et poète, ne lui propose de reprendre l’entreprise. Elsa lui paie une sorte de loyer-redevance pour le fonds, les locaux et les machines mais avant, l’éditeur lui a appris le métier d’éditeur-artisan-typographe de poésie. «Les meilleures conditions sont réunies pour que Cheyne continue », affirmait alors Jean-François Manier qui vit dans l’ancienne école du hameau où les éditions sont nées. Il garde un œil sur le festival en qualité de directeur artistique. Mais il mène aussi avec son fils à l’en- seigne de L’Arbre vagabond une activité de librairie-galerie-restaurant gastronomique au Chambon-sur-Lignon. On s’y presse dix mois par an, pour ses 20 000 livres choisis, son menu de terroir revisité léger et son impressionnante carte des vins.
Avec Jean-François Manier, post soixante-huitard trimardeur, qui dans les années 1970 avait lâché HEC pour deux ans de voyage en Asie,
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